The Slow Sliders est un groupe nantais qui vient de sortir un premier album d’une puissance émotionnelle incroyable. Récit de ce coup de cœur en mode thérapie.
Glissade Tranquille | 21.09.18 | Kithybong
Au détour d’un post un peu anodin qui demande quel est votre album de la rentrée, voilà qu’on me glisse dans l’oreillette : The Slow Sliders. Ne connaissant pas, je fais quelques recherches qui s’annoncent rassurantes : le groupe s’est déjà produit à Rennes avec The Wedding Present, à l’Espace B, au Supersonic à Paris avec Fai Baba, et bientôt au Point FMR. Des signes qui ne trompent pas. J’écoute quelques titres, et je vois qu’un nouvel album arrive dans 2 jours. Et voilà, ce 21 septembre, me voilà à écouter distraitement The Slow Sliders. Distraitement ? Eh bien non, car j’ai été captivé dès l’entame, avec ce son et rythme un peu foufou de Impalos rappelant Alter Ego de Tame Impala.
Encore un énième groupe à la Tame Impala ? Non, on en est très loin, tant musicalement que créativement, car il y a une vraie patte personnelle chez les Slow Sliders, à commencer par la voix caractéristique de Victor au chant, profonde et imparfaite comme il faut. Voilà un élément déterminant aujourd’hui, lorsqu’un groupe, en plus de belles compositions, parvient à s’affirmer avec sa propre identité. The Slow Sliders fait clairement partie de ceux-là, même s’il est évident que certains auront justement du mal avec la voix. Sentiment très subjectif évidemment qui m’a rappelé, dans un style différent, leurs voisins de Bantam Lyons ou les anglais de Gengahr.
L’album est ultra cohérent, puissant et prend littéralement aux tripes. Il est plus question d’émotion que de nostalgie, The Slow Sliders ne tentant pas de singer ou reproduire leurs influences.
Contenus de la page
L’émotion des Smiths et du premier Coldplay (et petit flashback des années 2000)
Glissage Tranquille m’a rappelé deux souvenirs musicaux : la première fois que j’ai écouté les Smiths, ainsi que la première où j’ai écouté Coldplay. Attention, là ça mérite une explication. Je ne parle pas d’analogie musicale, mais bien de l’émotion véhiculée à l’écoute de ces albums.
En effet, j’ai découvert les Smiths via mon frère aîné quand j’avais 13/14 ans, alors que Morrissey était déjà bien parti en solo. Vauxhall & I deviendra d’ailleurs par la suite l’un de mes albums favoris (et il l’est toujours). Et en écoutant les Smiths, la magie a opéré directement. J’ai été happé par la voix de Morrissey, là où d’autres ont été complètement rebutés. Et cette cohérence globale avec le reste du groupe et notamment la guitare de Johnny Marr a produit l’effet qui fait que je les écoute encore aujourd’hui. L’un des premiers souvenirs que j’en ai est Panic, découvert sur la compilation Best… I.
Pour Coldplay, c’est un peu différent. Je déteste ce que le groupe est devenu aujourd’hui, sorte de machine à produire de la soupe FM qu’on badigeonne dans les stades. En revanche, à la sortie de Parachutes à la rentrée 2000, il y avait sur cet album un côté un peu planant et mélancolique, un joli rock avec de belles mélodies, au moment où Radiohead allait changer de cap avec Kid A un mois plus tard. Les fans déroutés de Radiohead se sont d’ailleurs sans doute retrouvés dans Coldplay. Bref, pas étonnant avec l’évolution du groupe que Chris Martin de Coldplay qualifie Parachutes de mauvais.
Quoiqu’il en soit, cet album est arrivé au moment où les guitares en partie acoustiques de Coldplay se démarquaient un peu du rock à guitares qui avait marqué l’année 1999 : les premiers albums des White Stripes ou de Muse, les confirmations de Mogwai, dEUS et d’autres comme Supergrass, Stereophonics ou les Foo Fighters. Certes, les plus créatifs étaient loin du rock à guitares (Blur avec le magistral 13, Beck avec Midnight Vultures notamment). Voilà les souvenirs et émotions que les Slow Sliders ont évoqués chez moi.
The Slow Sliders, thérapie musicale ?
Les Slow Sliders, une thérapie des années 2000 ? Pas sûr, car les Nantais ont un sens de la mélodie qui rappelle aussi les gloires des années 60. Non je n’ai pas pensé aux Beatles en écoutant Glissade Tranquille. En revanche, le magnifique Empty Days au milieu de l’album m’a foutu le même frisson que celui que j’ai à l’écoute Disney Girls des Beach Boys, sans doute l’une des plus belles chansons pop de tous les temps (pourtant écrite par Bruce Jonhston en 1971 et non Brian Wilson).
Je pense que j’ai dû écouter ce Empty Days des Slow Sliders au moins 30 fois en quelques jours, toujours captivé par les arrangements très discrets mais habiles, les très belles harmonies vocales. Il figure désormais dans ma playlist « Tristesse et Mélancolie » aux côtés de Nothing Lasts Forever de Echo & The Bunnymen, Trouble Loves Me Morrissey ou (entre autres) Fade Into You de Mazzy Star.
Et donc les Slow Sliders ont la capacité à nous embarquer dans une pop planante (Tell Me More rappelle furieusement Beach House), prenante et jamais chiante.
Seulement 8 morceaux et 32 minutes, mais je n’ai jamais eu la sensation d’un album trop court ou bâclé. Au contraire, je me suis délecté de l’équilibre global de l’album (bien rythmé avec le dynamique Lesneu au milieu), de la profondeur musicale des chansons, notamment sur le final majestueux de I’m Dead Anyway qui provoque une sensation d’apaisement, mais aussi de claque qui ne redonne que l’envie de recommencer l’expérience. Assurément le coup de cœur de cette rentrée.
L’album est sorti chez Kithybong, label de Les Agamemnonz, Electric Electric, la Colonie de Vacances (tiens c’est marrant, on en parle ici).
A noter :
- Les Slow Sliders seront en concert au Point FMR le 23 octobre, ainsi qu’en tournée.
- Victor Gobbé, le chanteur, a sorti un très bel EP solo en décembre dernier, sous le nom de … Lesneu.
Quelle bière boire en écoutant Glissade Tranquille des Slow Sliders ?
Pas facile de trouver une bière qui provoque l’émotion des Slow Sliders. Je pense toutefois que l’association se fera parfaitement avec la Sex, Ale and Rock’n’Roll de l’excellente brasserie alsacienne Saint Cru. Avec ses arômes presque discrets, elle pourrait sembler classique. Et pourtant, les arômes de mangue et pamplemousse se révèlent progressivement, couplés à une bonne amertume liée au houblon. L’ensemble est très bien équilibré. A boire sans hésiter, mais évidemment avec modération.
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