Spiderland est un groupe breton qui se reforme après une pause de 20 ans pour délivrer un deuxième album sous haute influence du rock américain underground des années 90 comme Sebadoh, Sonic Youth ou Slint. Loin du plagiat, Spiderland trouve une identité qui lui est propre pour créer sa propre atmosphère sur un album où tout peut arriver.
Spiderland, de Slint à Sebadoh
La parenté avec Slint peut paraître évidente. Spiderland est en effet le titre du deuxième (et dernier) album du groupe américain qui aura eu une carrière éphémère (en gros, de 1988 à 90) mais dont l’influence sera importante sur la scène indé. La recette de Spiderland, les Bretons cette fois, tourne autour de quelques éléments fondateurs pour déterminer son identité sonore : d’un côté, les duos de guitares, de l’autre, les duos de voix. Un riff de guitares râpeuses couplé à une guitare claire en arpèges, une voix masculine un peu caverneuse qui aurait passé beaucoup de temps avec J. Mascis et Lou Barlow (Dinosaur Jr., Sebadoh) associée à la voix profonde de Dom qui lorgnerait plutôt du côté de Kim Gordon (Sonic Youth). Mais il serait réducteur de les cantonner à cette approche dans l’écriture. Si c’est ce qui m’a marqué à l’écoute, A Gentle Breeze se révèle bien plus aventureux. A l’exception du titre inaugural That’s Love (qui nous rappelle vraiment Stereolab), l’album s’affiche assez calme et plutôt langoureux.
Toutefois, malgré les influences citées plus haut, Spiderland a bien un ADN de rock brut, tendance bruitiste DIY, ce qui le rend d’autant plus intéressant. On imagine la Fender bricolée qui a vécu, dans le bon sens du terme. Celle qui transmet une émotion, un héritage. Le titre éponyme est sans doute une très bonne illustration de l’album : on oscille dans des ambiances un peu lugubres au milieu de la voix masculine et de la guitare au son clair, avant que l’emballement ne finisse par embarquer les sons noisy, la voix féminine.
On sent que rien n’est totalement carré, que cela peut virer vers des contrées inattendues, la preuve en est avec My One Loss, titre qui s’étire, révèle même l’origine bretonne du groupe avant d’embrayer vers un final noisy.
Le son est brut… ou plutôt authentique. La production colle parfaitement à cet état d’esprit et appuie encore un peu plus cet effet de proximité, très marqué sur Once Upon A Water. Même sur disque, on est sur scène avec eux. Quoique non, il paraît que leur son en live est encore plus puissant. S’ils égrainent les salles de l’Ouest français, n’oublions pas qu’ils sont aussi passés à L’Internationale à Paris au printemps. A suivre de près en 2022 !
Quelle bière boire en écoutant A Gentle Breeze de Spiderland ?
Vous vous en doutez, il faut quelque chose qui ne soit pas trop conventionnel et un peu dark. Et ça tombe bien car j’en ai bu une il y a peu, qui va très bien… et qui s’avère être une bière bretonne. Attention, on parle de bière artisanale de niche, donc on laisse tomber la Coreff ou la Philomenn. Là on veut du spécifique, du riff taillé sur mesure ! Alors nous voilà chez Arvarus à Ploumoguer (à côté de Brest), dont le slogan va parfaitement avec Spiderland : bières incertaines ! Et ils le disent eux-mêmes : « Chacune à sa manière, les bouteilles du Docteur Arvarus sont habitées d’un esprit subtil, comme autant d’attrape-rêves. » Un peu comme la musique de Spiderland, aussi subtile qu’incertaine. J’ai donc goûté leur Export Stout, dont la bouteille suffit à elle-même pour partir dans des rêves (il faut la toucher aussi !). Si ma note de 3,25 peut paraître un peu sévère, c’est aussi que je suis d’habitude plus sur des NEIPA ou double NEIPA avec leur côté fruité et houblonné, donc moins orienté café/torréfaction. Et bien sûr, à consommer avec modération !