Radiohead : live report aux arènes de Nîmes le 10 juillet 2012

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Radiohead était de passage pour deux concerts dans le magnifique cadre des arènes de Nîmes après une pause d’un mois de leur tournée. Récit du premier des deux concerts, une claque de 2h20 avec un son monumental.

Voilà plus de 10 ans que l’on n’avait plus vu Radiohead en live. Le cadre splendide des arènes était donc l’occasion de rattraper notre retard. Après une première partie énergique, dansante mais courte (30 minutes) assurée par les canadiens de Caribou, Radiohead a attendu que la nuit tombe progressivement sur Nîmes avant d’entrer sur scène vers 21h40. Sans regarder les playlists des concerts précédents pour garder la surprise, on ne s’attend pas à avoir des morceaux des premiers albums, Radiohead ayant pris depuis Kid A en 2001 un virage rock électro expérimental. Nostalgiques de Creep, passez votre chemin !

No surprises ?

Et pourtant, grande surprise, le concert débute sur Lucky, titre sur lequel Radiohead avait pris l’habitude de débuter ses concerts lors de la tournée de OK Computer à la fin des années 90. Le groupe n’avait plus joué ce titre en entrée de concert depuis… 1998 ! Le concert enchaîne ensuite sur Bloom, une grande révélation. En effet, il faut dire qu’on avait vite passé notre chemin sur le dernier album (The King of Limbs) dont les nappes électro-expérimentales nous avaient vite lassés. Grande surprise de constater que les versions live sont très concluantes et que jamais l’ennui ne nous a gagné, bien au contraire. La formation originelle (dont le line-up n’a pas bougé depuis la création du groupe à la fin des années 80 !) est épaulée par un deuxième batteur, Clive Deamer (batteur de Portishead) qui supporte Phil Selway à la batterie mais également Jonny Greenwood au milieu de ses machines expérimentales.

Paranoïd Androïd

Les deux derniers albums sont clairement à l’honneur (7 morceaux de The King Of Limbs, 5 de In Rainbows) et le magma électronique dégagé par le groupe avec un son parfait à l’acoustique monumentale est d’une puissance phénoménale. L’acoustique parfaite des arènes (surtout en fosse à 10 mètres de la scène !) permet de profiter de chaque détail sonore, et on sait qu’ils sont nombreux chez Radiohead. On se prend une claque sonore monumentale particulièrement jouissive ! La setlist est parfaitement équilibrée, alternant les déflagrations électro-rock (15 Step, Feral) avec les douceurs expérimentales (Pyramid Song, Nude) ou quelques titres devenus des classiques comme There There. Malheureusement, je trouve le public globalement un peu froid. Certes les morceaux de Radiohead ne sont pas des hymnes taillés pour les stades, mais tout de même…
Peu importe, le quintet nous offre même un nouveau morceau (Staircase) et termine la première partie de son set en annonçant : « This is a very old song« . Tom Yorke prend même une guitare acoustique. A quoi faut-il s’attendre… High And Dry ? Non, ça nous semble complètement improbable… et le groupe envoie une version titanesque de Paranoïd Androïd. Les lumières fusent, Tom Yorke est totalement habité, les guitares de Jonny Greenwood et Ed O’Brien lâchent des riffs endiablés. Il faut le dire, on a pris un sacré pied (malgré les quelques écarts de justesse sur la voix au début du morceau) !

Le groupe revient pour un rappel qui débute sur Treefingers, un morceau de Kid A que le groupe n’avait jamais joué en live ! En même temps, ce morceau se prête plus à la bande son d’un documentaire sur l’oursin tigré hermaphrodite qu’à un grand moment d’excitation scénique. Le rappel dure 7 titres (avec notamment le magnifique Weird Fishes/Arpeggi, sans doute l’un des meilleurs morceaux de In Rainbows) et se termine sur Everything In Its Right Place et un Idiotheque grandiose.

Le groupe quitte la scène après 2h10 de concert. On pense que c’est terminé, mais le groupe revient pour jouer Reckoner, ultime morceau pendant lequel la photo de leur technicien décédé le mois dernier apparaît sur les douze écrans carrés. Le public applaudit. C’est sobre et prenant. Le groupe quitte la scène, c’est terminé.

Concert grandiose d’un groupe ovni qui ne cesse d’innover et qui produit des morceaux qu’aucun autre groupe n’est capable de créer. Après plus de 20 ans de carrière, le club des cinq ne semble pas avoir changé. Tom Yorke a certes une barbe grisonnante ça et là, Colin Greenwood est lui aussi barbu, mais son frère Jonny n’a changé ni de silhouette, ni de coupe de cheveu (cette mémorable frange qui pend !), ni de style (guitare en bandoulière dans le dos). Les années passent et le groupe évolue. Plus que Blur encore, Radiohead est sans aucun doute le groupe de rock anglais à guitares qui aura le plus évolué, en 8 albums seulement, en phase avec son temps et l’évolution des technologies. Que faut-il en attendre pour les prochaines années ? On n’est certainement pas au bout de nos surprises…


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Voir la setlist complète ici.

Edit : la setlist du deuxième soir était démente, avec notamment de vieux morceaux de OK Computer (Airbag, Climbing Up The Walls, Exit Music For A Film) et même de The Bends (Street Spirit). Jugez plutôt ici. La preuve à nouveau que voir 2 concerts de Radiohead à la suite dans la même ville est loin d’être une erreur…