La playlist de novembre est dense, très dense. 31 titres et presque 2 heures de musique, uniquement sortie en novembre. Et surtout, c’est une playlist très riche en artistes français (pas moins de 12 !) ainsi qu’un grand retour du rock anglais (9 titres). Complétez tout ça par un groupe allemand, espagnol, suisse, franco-uruguayen, et ça ne laisse finalement que peu de place aux américains peu représentés ce mois-ci. Bonne écoute, et j’espère, bonne découvertes !
Temps de lecture : 5 minutes 30, hors écoute
Pour info, comme je sais que vous n’allez pas tous lire ce long texte sur lequel j’ai passé une bonne dizaine d’heures, je vous ai mis les codes pays des artistes présents dans cette playlist, histoire d’avoir une vue d’ensemble en diagonale. Merci à ceux qui liront et qui apprendront des choses ! A noter que la playlist a un ordre cohérent et choisi (comme toutes les playlists Merseyside !) pour pouvoir être écoutée d’une traite comme un album.
Contenus de la page
The Jacques contre Fontaines D.C ?
Et si THE JACQUES (ENG) étaient les nouveaux Arctic Monkeys ? Sauf si Fontaines D.C (et son génial deuxième album) occupe déjà ce créneau. En tous cas, ce « renouveau » du rock anglais fait le plus grand bien. Un album parfois sombre et profond, parfois plus pop et ensoleillé (Do Me For A Fool, Hendrik) toujours très bien exécuté. Je recommande chaudement, tout comme les énervés de MUSH (ENG). Les anglais de Leeds sortiront leur nouvel album en février. En attendant, ils livrent quelques morceaux aux riffs toujours aussi efficaces, urgents et décalés, avec cette voix caractéristique, qui peut autant embarquer qu’énerver. De son côté, MAGON (IL) est plus calme. L’israélien basé à Paris sortira son deuxième album en février. Ce nouveau single montre – si toutefois c’était nécessaire- son amour pour les ambiances 70’s à la Velvet Underground. C’est toujours aussi réjouissant.
Des groupes français dans la playlist indie pop
Restons à Paris avec THE BELMONDOS (FRA), un groupe initialement de 4 frères qui avaient été repérés à l’aube des années 2010 par des radios américaines. Finalement, 3 des frères ont lâché le groupe (et Jean-Paul Belmondo n’y est pour rien), c’est donc un nouveau line-up pour cet album à la pochette désuète qui déroule une indie pop aussi trempée dans les 60’s que les 90’s avec un sens aiguisé pour les mélodies. Avec un nom pareil, RIVER INTO LAKE (BEL) aurait pu sortir sur le label Géographie (occupé ce mois-ci par Born Idiot, voir plus bas). Le groupe belge sort un nouvel EP le 4 décembre, c’était donc l’occasion d’en parler un peu avant. Dans un style assez singulier, sorte de cinématique pop électro-envoûtante, le belge révèle -ou plutôt confirme- son sens des arrangements décalés, farfelus, mais ô combien intéressants. Dans le genre farfelu, les allemands de THE NOTWIST (DEU) ne sont pas les plus mauvais. Voilà déjà plus de 30 ans qu’ils sont dans le paysage de « l’indielectro ». J’avoue que je n’avais plus écouté depuis le mémorable Neon Golden en 2002. En tous cas, ils reviennent avec un nouvel album le 29 janvier sur lequel figurera ce très bon single Where You Find Me. Farfelu, mais ancien, c’est le cas de LIMITE (FRA), le projet de Jordi Cassagne, artiste passionné par les musiques anciennes et le jazz dont il est pour les deux styles diplômé. Limite est un projet très intéressant, certainement nourri par ces influences, qui fait de cet album un peu intemporel un mélange de sons et d’harmonies des plus réjouissants. HOOKSPINE (FRA) n’est pas non plus le dernier en harmonies intéressantes. Le lillois, qu’on connaît bien sur ces pages, sort 2 titres dont ce Black House qui s’affranchit de toute guitare pour livrer un son un peu plus noir, toujours très travaillé, ainsi que de jolis arrangements de cordes et une batterie toujours subtile.
Dans un ambiance plus froide, on peut noter la sortie du français OUT IN THE SUN (FRA) et sa new wave contemplative, comme il la décrit lui-même. On pense à Cure, Depeche Mode en version calme. Parfait quand le froid s’installe dans nos contrées. A l’inverse de BOOTCHY TEMPLE (FRA) sur un album chaleureux qui prouve que « rock français à Bordeaux » ne rime pas toujours avec Noir Désir ! Bootchy Temple s’affirme ici sur un quatrième album sorti toute fin novembre qui oscille entre le premier Wild Nothing et une pop un peu plus atmosphérique. Sans tomber dans le piège du slacker à la Mac Demarco qui lui tendait les bras, Bootchy Temple allie à merveille une réverb parcimonieuse au service de chouettes mélodies. Une belle sortie pour le label parisien Howlin Banana. Berling Berlin (FRA-URY) est un groupe franco-uruguayen qui n’invente pas grand chose, mais qui exécute une dream-pop new wave très convaincante. Un EP très plaisant et un peu moins synthétique que les rennais de BORN IDIOT (FRA) qui eux sont signés sur le label Géographie cité plus haut. Synthétique n’est pas péjoratif du tout, au contraire les français parviennent à distiller de jolies compositions sur un ensemble bien produit. On retrouve aussi le français Thierry Haliniak aka MY RAINING STARS (FRA) et sa pop qui emprunte autant à la twee-pop façon Sarah Records qu’à New Order (période post 2000). Un chouette retour après 10 ans d’absence et une belle histoire puisque cette fois c’est son pote Gilles Ramey qui a écrit des textes que Thierry a mis en musique ensuite. Une démarche nouvelle dont vous pourrez trouver les détails dans sa très intéressante interview sur le blog Life On Mars. A noter que vous ne trouverez Mirror (et son beau travail sur les parties de guitare) que dans la playlist Youtube, pas sur Spotify. En revanche, tout l’EP est disponible en téléchargement gratuit sur le Bandcamp de My Raining Stars. L’occasion de découvrir aussi sa pochette à mi-chemin entre un album des Smiths et le premier Suede. Que du bon je vous dis !
Dans l’un des commentaires du nouveau clip de TEENAGE FANCLUB (SCO), quelqu’un dit justement « un nouveau morceau de Teenage Fanclub est la preuve que 2020 n’est pas totalement foirée« . En effet on ne peut que se réjouir de savoir les écossais de retour avec un nouvel album pour 2021. N’en déplaise aux mauvaises langues qui pensent que l’âme du groupe s’est envolée avec le départ de Gerard Love. Preuve que 2021 nous réserve de belles sorties, il faudra compter sur OLD MOUNTAIN STATION (FRA). Les parisiens ont sorti en novembre un EP avant un album qui arrive le 29 janvier. Ce Adios très cool avec ses passages noisy-pop rappelle le bon côté des groupes US des 90’s. Ce que ne renie pas le californien KELLEY STOLTZ (USA) qui a un CV long comme le bras et reste pourtant discret. Aussi discret qu’il est prolifique (13 albums en 20 ans) ! Bref, un album très rock garage Velvet vraiment cool. Toujours côté californien, nos amis TRIPTIDES (USA) restent dans le son qui a fait leur petite notoriété, le 60’s psyché. Un single tout seul sans album annoncé (les précédents état sortis sur le label français Requiem Pour Un Twister). On prend car ça reste très bon. La canadienne VANILLE (CAN) n’est d’ailleurs pas loin de ce son avec sa pop presque yéyé et son chant innocent. Un album qui arrive en janvier aussi, et produit par Emmanuel Ethier qui a aussi travaillé avec la crème du rock québécois : Chocolat ou encore Corridor. Côté francophone, on remarque le premier album de PANAVISCOPE (SWI) qui nous arrive de Genève. Le touche-à-tout Alex Duloz livre un album à la croisée de chemins d’une pop-électro cinématique servie par des clips en noir et blancs très esthétiques Si la voix m’a un peu perdu sur la longueur de l’album, il n’en reste pas moins des compositions aux ambiances inspirées.
Le calme du lac de Genève serait-il à l’image des lillois de TEMPS CALME (FRA) ? Pas sûr, car sous son calme apparent, Temps Calme torture les compositions, trifouille les structures, les sons. C’est certes inspiré, totalement non conventionnel, tant mieux. J’ai aussi beaucoup apprécié le nouveau LAETITIA SHERIFF (FRA). Un quatrième album pour la rennaise qui ravit avec son rock profond qui rappelle souvent PJ Harvey, sans plagier pour autant. Côté français toujours, INDIGO (FRA) a choisi de sortir un projet en 3 parties. Cet EP de novembre traduit bien les influences 90’s américaines du groupe servies sur un très chouette clip.
Le retour du rock anglais : Shame, Bad Nerves, Adulkt Life, The Reytons
Côté british, c’est un grand retour en force ce mois-ci. Déjà celui de SHAME (ENG) qui annonce son nouvel album prévu pour janvier avec un single habité et ravageur. Après le succès du premier album, l’attente est forte. A Sheffield, THE REYTONS (ENG) est dans la même veine, rappelant le premier Arctic Monkeys. Attention à ne pas trop les singer toutefois… Quitte à faire dans le tatapoum british, ne passez pas à côté de l’album de BAD NERVES (ENG) et son punk rock garage à vous déboiter les tympans. Ca m’a rappelé la puissance du premier Supergrass avec des riffs des Buzzcocks ! Et on complète le tableau avec ADULKT LIFE (ENG), groupe mené par Chris Rowley qui avait eu son petit succès au début des 90’s avec son groupe punk Huggy Bear. Ici, 10 titres et 25 minutes suffisent à faire comprendre que le groupe n’est pas venu faire dans la dentelle. Ames sensibles, s’abstenir. Merci à la chaîne Tangerine pour la découverte. Les riffs ravageurs des américains de CLOUD NOTHINGS (USA) complètent cette grosse série noisy dans la playlist. Le nouvel album, produit par Steve Albini (oui, celui qui a produit In Utero en 93 !), arrive fin février. Prolifiques les gars de Cleveland, puisqu’ils avaient sorti un album (sur Bandcamp exclusivement) l’été dernier. THE WYTCHES (ENG) viennent un peu calmer le jeu en cette fin de playlist. Ce troisième album des anglais continue sur la lignée psyché 60’s du précédent. Rien de révolutionnaire (et moins inventif que le premier album), mais ça reste quand même bien foutu.
Fin de playlist indie pop en douceur avec Tunng et Manuel Bienvenu (entre autres)
La playlist apporte un peu de douceur avec les espagnols de LOST TAPES (ESP) et leur indie pop toujours parfaite sur un EP qui voit aussi une reprise de Roxy Music. Enfin, l’américain DEKKER (USA) sort son album après les nombreux morceaux diffusés ces derniers mois. Et autant si tous les morceaux ne m’avaient pas convaincu séparément, je dois dire que cet album de folk joyeuse est très agréable à écouter dans son ensemble. Pour finir en douceur, les anglais de TUNNG (ENG) ravissent avec leur esthétique sonore toujours aussi travaillée sur un album autour de la mort. Un thème qui va très bien avec leur style, cette fois un peu moins « folktronica ». Enfin, le Français MANUEL BIENVENU (FRA), multi-instrumentiste, ingénieur du son, producteur et j’en passe, sort un album feutré et très esthétique, assez inclassable pour finir en douceur.
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