Live report : Pixies au Zénith de Paris le 15 octobre 2009

1
370

Les Pixies étaient de passage à Paris pour fêter les 20 ans de la sortie de Doolittle avec le bien nommé « Doolittle Tour ». Cet album indispensable à tout fan de rock qui se respecte est-il un prétexte pour renflouer les poches des Pixies ou le véritable retour d’un groupe culte ? L’analyse de Merseyside.

Les Pixies, le groupe d’une génération

Aucun doute, les Pixies font partie des groupes cultes de la fin des années 80, début 90 dont l’influence sur de nombreuses formations n’est plus à revendiquer (à commencer par Nirvana). Avec leur style propre, loin de la hype de certaines rock star, les Pixies ont su conquérir une génération avec leurs chansons oscillant entre punk, flamenco et surf music, sans renier pour autant le folk des années 60 ! Séparés en 1993 suite à de nombreuses tensions entre Frank Black et Kim Deal, les Pixies décident de se reformer en 2004, avec un passage en 2005 au festival Rock en Seine. Une terrible déception : un groupe de papy sans envie, sans motivation, des morceaux plats sans relief, un Frank Black qui semblait fatigué et hurlant avec peine. La crainte était donc de rigueur pour ce concert qui aurait pu tourner au « do little » !

Vague de mutilation au Zénith

Montés sur scène à 20h40, les Pixies commencent leur set dans le noir par Dancing The Manta Ray avec un son propre et puissant, une intro plutôt rassurante. Ils enchainent quelques titres qui peinent à lancer le public… quand retentissent les premières notes de Debaser ! Les lumières s’allument, on découvre les quatre lutins. Cette fois le concert est lancé, on est bien au cœur du Doolittle Tour ! On est rassurés de voir un Frank Black beaucoup plus énergique que cette piteuse prestation de Rock en Seine.

Puis suivront tous les titres de Doolittle, dans l’ordre ! Ce n’est qu’une demie surprise, sachant qu’à la « grande époque », ils avaient parfois l’habitude de jouer les titres par ordre alphabétique…

On notera les points culminants ponctués par les tubes Here Comes Your Man, Monkey Gone To Heaven ou Gouge Away, mais également un bel effort de « mise en scène » avec quatre boules pendues au-dessus de la scène, reliées entre elles et qui oscillent, changent de couleur, descendent, provoquant le meilleur effet sur I Bleed en complément de l’écran projetant des visuels sanguinolents en arrière-plan.

Dans le blanc

Il est 21h35, Gouge Away vient de s’achever, Joey Santiago, Frank Black, David Lovering et Kim Deal viennent saluer le public sur le devant de la scène ! On s’attend à un rappel, mais quand même… Pour nous faire patienter, une vidéo d’eux en train de saluer défile sur l’écran, histoire de maintenir une présence. Puis le groupe revient paisiblement pour un rappel non moins paisible avec la version soft de Wave Of Mutilation (Wave Of Mutilation UK Surf). David Lovering accélère un peu le tempo avec Into The White pendant que des fumées blanches arrivent en masse sur la scène. Le groupe (et une bonne partie de la fosse) est plongé dans cet épais brouillard percé par les riffs puissants de Frank et Joey et la voix planante de Kim. Un grand moment.

Le groupe quitte à nouveau la scène, le concert est-il fini ? Les lumières du Zénith se rallument, et pourtant… le groupe revient sur scène avec Bone Machine, Nimrod’s Son, et Caribou avant de conclure définitivement sur un brillant Where Is My Mind? que tout le monde attendait. Brillant final malgré les lumières allumées dans la salle. Là, on n’a pas trop compris…

Les Pixies ne trompent pas le monde

Au final, on a assisté à un très bon concert des Pixies avec un Frank Black, à défaut de l’être en parlant au public, a été particulièrement expressif dans sa façon de jouer et de chanter. Donc ne crions pas au scandale quand certains s’offusquent de voir tourner les Pixies sans prévision d’album, n’y voyant là que l’intérêt pécunier. Les Pixies ont fait honneur à leur répertoire avec un set de qualité. Tant mieux si le magot récolté ne sert pas à l’enregistrement d’un nouvel album. On sait bien que les reformations forcées pour des raisons marketing sont souvent désastreuses. Que les Pixies nous laissent le souvenir d’un bon concert et de quatre albums mythiques, ça nous convient parfaitement.

Pixies Setlist Le Zénith de Paris, Paris, France 2009, Doolittle 20th Anniversary Tour

Discographie

– Come on Pilgrim (mini-album, octobre 1987, 4AD Records)
– Surfer Rosa (mars 1988, 4AD Records)
– Doolittle (avril 1989, 4AD Records)
– Bossanova (août 1990, 4AD Records)
– Trompe le Monde (septembre 1991, 4AD Records)