Live Report : Suede à la Maroquinerie le 10 octobre 2022

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Suede Maroquinerie 2022
Crédit: Merseyside.fr 2022

Le groupe Suede venait fêter la sortie de Autofiction, leur neuvième album studio sorti mi septembre, avec une seule date en France, à Paris. La Maroquinerie fut l’heureuse élue pour un concert à la hauteur de la réputation du groupe sur scène. Récit.

Crédit: Merseyside.fr 2022

Suede, le groupe qui me fait sentir à la maison

Voir Suede en France (à Paris) dans une salle de 500 places, c’est plutôt une opportunité. Mais à 50 euros la place, le principe a pu en faire fuir certains, ce que je comprends aisément pour une salle qui affiche des prix moyens généralement deux fois moins élevés. Ce qui explique le côté totalement sold-out du concert, les annonces frauduleuses sur le net, et une ferveur à la revente des places devant l’entrée particulièrement élevée ! De mon côté, j’avais zappé au moment de la mise en vente, j’avoue, et c’est finalement début septembre que j’ai pu trouver une place via un contact. Car Suede est le rare groupe qui me donne envie de faire le trajet depuis Lille, même un lundi soir. Je les avais ratés à la salle Pleyel en mai, mais j’étais à La Cigale en 2016 et 2018. Et puis la Maroquinerie a un certain goût de nostalgie en ce qui me concerne. Tout juste débarqué à Paris en 99, j’y voyais les Charlatans en novembre 99 pour mon premier concert de « vrai parisien ». Et le lendemain, j’étais à l’Olympia pour mon premier concert de Suede. Oui c’est tard pour les fans plus âgés. Ca nous remonte donc 23 en arrière ! Et pour conclure l’anecdote personnelle, ce concert était aussi le début d’une collaboration et amitié avec mon pote Ben avec qui nous avons monté plus tard le non-groupe Merseyside, qui donnera 10 ans plus tard son nom à ce blog ! Comment célébrer ça ? En se retrouvant avec ledit Ben à la Maroquinerie pour Suede après au moins 7 ou 8 ans sans s’être revus ! Une chouette occasion de fêter mon huitième concert de Suede, également en compagnie de François, contributeur occasionnel sur ces pages. Bien peu par rapport à certains fans qui ont passé la trentaine (de concerts). Chris, Xav, Victor, c’est pour vous. 

Autofiction en intégralité

L’ambiance est évidemment survoltée dans la Maroquinerie, comme la chaleur, logiquement. Et quel bonheur de les retrouver sur scène ! Le groupe arrive paisiblement sur scène, il est 20h40. Brett arrive presque au ralenti, le regard vague. Il pourrait paraître dédaigneux, loin du public, mais c’est mal connaître le bonhomme. Il rentre dans son set, tout simplement. Le son n’est pas si fort. Soit j’entends moins bien, soit ils jouent moins fort, peut-être les deux, mais j’avais le souvenir d’un groupe jouant particulièrement fort ! Je trouve la guitare de Richard un peu en retrait au début, ce qui sera corrigé (ou perçu de ma part) au bout de trois morceaux. Le concert commence d’emblée sur She Still Leads Me On, le morceau d’ouverture d’Autofiction, le nouvel album paru mi septembre. Un morceau en hommage à la mère de Brett et qui est une excellente entrée en matière que les fans que nous sommes ont adoptée d’office. Matt joue de la basse au médiator, c’est dommage car ça perd en peu en dynamique et groove.
Sans répit le groupe enchaîne sur Personnality Disorder, avec cette fois, comme sur toute la suite du concert, la basse aux doigts. On y reviendra plus tard. 15 again prend le relais à la chaîne des tubes et la chemise blanche cintrée de Brett est déjà trempée. On le connaît, il donne tout, et ce sera une nouvelle fois le cas ce soir. C’est après cette entrée en matière tonitruante, suivant scrupuleusement l’ordre de l’album, que Brett s’adresse au public, en français avant de lancer The Only Way I Can Love You. La setlist suit l’ordre de l’album qui sera déroulé dans son intégralité, dans l’ordre. C’est sur ce titre que Brett commence à trouver sa place scéniquement, pouvant faire sa petite danse de profil, l’une de ses marques de fabrique. En effet, lui qui aime investir la scène, on le sent un peu étriqué sur la scène de la Maroquinerie, ce qui ne ralentit en rien ce frontman si charismatique. Sur That Boy On Stage, les « oooooh oooooh » sont de rigueur, repris avec brio par le public. Les lumières sont blanches, agressives comme il faut pour électriser la Maroquinerie avant de plonger la salle dans une silence quasi complet, lumières rouges pour Drive Myself Home, l’un des rares titres calmes du nouvel album. Black Ice et Shadow Self s’enchaînent. Un titre qui me fait penser à la face B Money. Sur It’s Always The Quiet Ones, Brett est à genoux par terre, mais c’est pour mieux se faire accueillir lorsqu’il se dresse face à la foule sur le refrain. Vient ensuite What Am I Without You, un titre écrit pour le public. Un bel hommage qu’il mettra en pratique de la plus belle des façons avec un bain de foule sur jeu de séduction dont il raffole, autant que le public qui ne peut se retenir d’immortaliser ce moment en vidéo. Sur le solo de guitare planant qui prend vraiment toute sa dimension en live, Brett s’en va, pour mieux se faire acclamer à son retour avant d’entamer un Turn off your Brain and Yell tonitruant. Il y a quelques années, le groupe aurait pu finir sur un gentil Saturday Night. Là, Suede veut montrer sa puissance sonore, la hargne de Brett qui donne tout jusqu’à la moelle ! Il est 21h30, le groupe quitte la scène. On se doute que le concert n’est pas fini. Suede est un groupe respectueux de son public.

Crédit : Merseyside.fr 2022

Les trois premiers albums à l’honneur

Quand les cinq reviennent, c’est pour entamer Hollywood Life (extrait de Dog Man Star en 1994). Et c’est un deuxième concert qui commence. Ce titre me rappelle le concert à l’Elysée Montmartre en 2010 où c’était la première fois que j’entendais ce titre en live. Je m’en souviens encore, 12 ans après ! Puis Brett se livre à quelques incantations qui déboucheront sur We Are The Pigs, single incontournable de ce même album. C’est notamment sur ce titre que j’ai trouvé la basse de Matt Osman absolument parfaite, groovy et sexy pour une alchimie royale de la section rythmique avec Simon à la batterie. On est sur des classiques du groupe, au milieu desquels vient se greffer It Starts and Ends With You (extrait de Bloodsports en 2013). Un titre qui a déjà 10 ans et s’intègre parfaitement aux classiques plus anciens comme Trash lancé juste après. L’introduction de Brett était d’ailleurs assez cool en demandant au public : « Are there lovers on the street ? Are there litter on the breeze? » avant de lancer ce tube qui récolte évidemment l’adhésion parfaite de la salle. Parmi ce dédale de tubes, on aura droit à l’accalmie The Two of Us avant le retour en grâce. C’est sur So Young que Brett peut (enfin) jouer à l’hélicoptère avec son micro, l’une de ses marques de fabrique ! Je me demandais s’il pourrait le faire malgré le peu d’espace, il s’en est très bien sorti ! L’incontournable Metal Mickey débarque juste après, avec l’unanimité du public, avant le classique Animal Nitrate. Donc trois titres du premier album éponyme de 1993. Sur le deuxième couplet, Brett s’affaisse un peu vocalement et décide de le réciter plutôt que de le chanter. Dommage, mais rien de gênant. Il fera ensuite chanter directement les « lalalala » du refrain de Beautiful Ones avant que Richard ne lance le riff pour le final, le classique des classiques.

Mais au final justement, combien de classiques dans la discographie de Suede ? Presque tous les titres sont des tubes fédérateurs ! Brett affiche une forme olympique, comme à son habitude. Les morceaux du nouvel album sonnent comme des classiques instantanés. Brett est logiquement le centre de l’attention. Les années ne semblent pas l’atteindre, lui qui a fêté ses 55 ans il y a quelques jours. Silhouette longiligne, jean skinny gris et chemise cintrée et trempée. Sa voix est intacte et toute aussi généreuse. Le reste du groupe est à la hauteur de sa réputation, c’est à dire au service de Brett sur un set ultra carré. Certes, Matt à la basse n’hésite pas à venir se frotter au premier rang, Simon est toujours aussi carré derrière son éternelle batterie violette brillante, Neil tire la tronche, comme à chaque fois et Richard assure ses parties de guitares, vraiment très au centre du set, le dernier album laissant une forte part aux guitares. Mon impression est d’ailleurs la même que sur l’album : certaines introduction sont assez proches et pourraient faire regretter l’inspiration de Bernard Butler. Mais plutôt que de filer à la nostalgie (Bernard Butler est parti en 1994 !!), je me délecte justement de ce son brut et très rock’n »roll. Le groupe a fait l’impasse sur les quelques singles des récents albums. Je pense à Outsiders (sur Night Thoughts en 2016) ou Life is Golden (extrait de The Blue Hour en 2018). C’est dire comme le répertoire du groupe est riche. On pourrait aisément citer The Drowners, She, Filmstar, Can’t Get Enough, Killing of A Flashboy. Peu importe, ce n’était pas le choix ce soir mais ça n’a aucune importance. 

Suede démontre qu’on peut avoir 30 ans de carrière, une notoriété collée au mouvement britpop, et pourtant continuer à tracer son sillon en gardant son identité, traversant les époques avec brio, en affirmant encore plus sa patte artistique sans devenir une caricature de soi-même. Et nous, on se sent 15 again ! Bravo !

Setlist Suede à la Maroquinerie (2022)

She Still Leads Me On
Personality Disorder
15 again
The Only Way I Can Love You
That Boy On Stage
Drive Myself Home
Black Ice
Shadow Self
It’s Always The Quiet Ones
What Am I Without You
Turn off Your Brain and Yell

Hollywood Life
We Are The Pigs
It Starts and Ends With You
Trash
The Two of Us
So Young
Metal Mickey
Animal Nitrate
Beautiful Ones

Suede à la Maroquinerie, Paris 2022 : le concert en vidéo