Le magazine Magic est de nouveau vivant ! Après une pause faute de problèmes financiers, une nouvelle formule est désormais sortie, grâce à un repreneur qui sauve une petite partie du petit monde de l’indie pop. Magic organise sa première soirée « nouvelle formule », l’occasion de poser quelques questions à Vincent Théval, son rédacteur en chef.
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Des concerts un peu exceptionnels
Comment s’est fait le choix de Mark Eitzel pour la première soirée Magic ? Avoir un artiste un peu plus folk était un élément du cahier des charges ou c’est plus les circonstances dispo/budget/actualité ? (Cela dit, il y aura Bernard Butler pour la touche plus pop)
Le côté folk n’est pas spécialement dans le cahier des charges, même si c’est une couleur musicale que j’aime particulièrement. Mais – au passage – Mark Eitzel n’est pas si folk que ça… Que ce soit avec American Music Club ou en solo, sa musique prend des directions assez différentes. Nous avons choisi de l’inviter pour cette soirée du 15 février parce que son nouvel album est sublime mais aussi parce que nous avions la possibilité d’avoir un exclu européenne, avec la présence de Bernard Butler dans le groupe. Il a fait beaucoup d’autres choses depuis mais Butler a été le premier guitariste de Suede et il a produit le nouveau Mark Eitzel. C’est plutôt ça, le cahier des charges : proposer des concerts un peu exceptionnels, que ce soit par leur affiche ou par le cadre où ils se déroulent.
Peux-tu déjà dévoiler des artistes que tu aimerais dans les prochaines éditions ?
La soirée Magic Number #2 respectera doublement le cahier des charges puisque l’Ecossaise Vashti Bunyan jouera au Carreau du Temple le 13 avril : voilà une artiste qui n’a pas donné de concert à Paris depuis plus de dix ans et qui se produira ce soir-là dans un lieu un peu hors-normes. Avec Steve Gunn en première partie. Autant dire une affiche de rêve. Pour la suite, nous avons déjà des pistes et des idées.
Comment se fait le choix des artistes pour la suite ?
Le choix est guidé par nos envies et les disponibilités des artistes. Nous travaillons très étroitement avec La Route du Rock Booking, dont c’est le métier.
Travail colossal et collectif
Quand j’ai reçu Magic, j’ai vraiment eu la sensation d’un travail colossal, avec un magazine vraiment très complet. Bravo ! Comment vis-tu la renaissance de Magic de l’intérieur ?
Je la vis comme… un travail colossal ! C’est très excitant de repenser un projet, de trouver un bon équilibre entre l’identité du magazine et les changements qu’on veut apporter. Il y a eu plusieurs phases : la réflexion personnelle, la construction du nouveau chemin de fer avec Johanna Seban puis le travail avec notre graphiste David Guibaud, qui a repensé totalement la maquette pour traduire au mieux ce qu’on voulait faire. La réussite de cette nouvelle formule lui doit beaucoup. Et puis nous avons réuni à plusieurs reprises, à l’automne, l’ensemble des pigistes, photographes et autres compagnons de route pour échanger sur le chantier. C’est un travail collectif. Johanna et moi sommes là pour l’organiser.
Quels sont les retours (édito, prix, fréquence…) ?
Pour l’instant, les retours sont très positifs, très bienveillants, à tous points de vue. Il y a toujours des choses qui plairont aux uns et pas aux autres, des choix éditoriaux qui seront discutés (et c’est bien normal) mais dans l’ensemble, on est plutôt contents de l’accueil fait au numéro 202. Même sur le prix, on a eu beaucoup moins de remarques que ce qu’on craignait : quand on voit l’objet, son format, sa pagination, le grammage du papier, la densité des textes et la qualité des photos, je pense que 8€ pour un bimestriel, c’est très honnête.
Peut-on imaginer une compilation Magic qui paraîtrait (chez Microculture par exemple) ? Comme tu as pu le faire avec la session de Label Pop. Un peu comme les compilations de Bernard Lenoir quelques années après l’arrêt de l’émission.
C’est tout à fait envisageable. Pour l’heure, on va se concentrer sur l’élaboration de playlists (liens en fin d’article) mais l’idée de publier des compilations est toujours attrayante. Magic l’a déjà fait, d’ailleurs, notamment pour ses dix ans, en 2000. Quant aux Label Pop Sessions, il va en sortir d’autres…
Quel est ton regard sur les blogs de rock indé aujourd’hui en France ? Quel rôle peuvent-ils jouer pour soutenir Magic ?
C’est toujours très positif (et touchant) que des gens prennent du temps pour écouter des disques et écrire dessus, pour aller à la rencontre d’artistes, pour découvrir des nouveaux groupes. Sans autre moteur que la passion. Les blogs, la presse papier, les émissions de radio, les labels, les salles de concerts, les tourneurs, les festivals, les musiciens… tout cela forme un écosystème qui est très dynamique. Fragile mais dynamique. Magic a son rôle à jouer. Le simple fait que vous parliez du magazine, via cette interview, est un soutien important.
Des enfants, une cafetière et François Hollande
Quelles sont tes sources pour t’abreuver en musique justement ? (sites, blogs, émissions de radio, en France ou à l’étranger)
Je reçois des dizaines de disques et de liens chaque semaine, envoyés par des labels (petits ou gros, français ou étrangers) ou directement par des artistes… C’est déjà beaucoup plus que je ne peux en écouter. A cela s’ajoutent – comme pour beaucoup – des sites et blogs mais aussi des conseils d’amis ou de connaissances. Par exemple, je reviens tout juste de quelques jours à Montréal où j’ai rencontré beaucoup de musiciens, qui m’ont conseillé d’écouter plein de choses. Certains ont des projets “parallèles” que je ne connaissais pas et que j’ai découvert à l’occasion.
Quels sont tes coups de cœur du moment, ou tes attentes pour cette année ?
Dans les sorties à venir très bientôt, j’aime énormément les albums de Leif Vollebekk, The Magnetic Fields et Nadia Reid. Après, vont arriver des albums incroyables de Timber Timbre et Thomas de Pourquery (ce dernier dans un registre jazz). Sinon, j’attends beaucoup d’Arcade Fire et de Gorillaz, comme tout le monde ou presque !
Quel disque mets-tu sur ta platine quand tu as envie de te poser ?
Pour me poser, du jazz. Pas forcément calme, d’ailleurs… Disons Don Cherry & Latif Kahn. Ou du folk, du côté de Ryley Walker ou James Yorkston.
Et à l’inverse, le matin pour te booster ?
Pas besoin de musique pour me booster le matin, j’ai des enfants et une cafetière !
Parle-nous de cette photo de François Hollande avec Magic dans les mains… (finalement, c’est plutôt Benoît Hamon qui serait susceptible de le lire, non ?)
Ah oui, Benoît Hamon semble plus proches de nos goûts musicaux. On essaiera de faire une photo quand il sera président. Pour François Hollande : il nous a rendu une visite amicale lors de la soirée de lancement du nouveau Magic en janvier. Lui et Luc Broussy, le nouvel éditeur de Magic, se connaissent depuis longtemps. C’était un moment sympathique et improbable, de le voir au milieu de nos invités, plutôt des attachés de presse, des artistes et des confrères journalistes…
Que peut-on faire pour s’assurer que Magic reste en kiosques ? S’abonner, aller aux concerts… quoi d’autre ?
S’abonner, oui, c’est un levier important. Et aussi parler du magazine autour de soi : il faut aller chercher les lecteurs un par un !
En tous cas tu peux compter sur le soutien de Merseyside.fr !
Merci pour votre soutien, en tout cas.
Merci à Dali qui a rendu cette interview possible.
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