Documentaire Oasis Knebworth 1996 : la nostalgie 90’s à son apogée

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Le documentaire sur les gigantesques concerts d’Oasis en 1996 à Knebworth étaient diffusés ce soir au cinéma. Récit d’un film qui prend aux tripes ! (attention, spoilers)

1996 marque définitivement la consécration pour Oasis. Comment un groupe qui avait sorti son premier album 2 ans plus tôt peut-il parvenir à réunir pas moins de 335 000 personnes en 4 concerts ? 2 soirs Maine Road (l’ancien stade de Manchester City) en avril avec 85 000 personnes, concerts suite auxquels ils annoncent la semaine suivante les 2 soirs à Knebworth en août qui réuniront 250 000 personnes. Une popularité qui n’a d’égale à cette échelle. Bien sûr, d’autres groupes réunissent un nombre ahurissant de spectateurs, comme le 360 Tour de U2 entre 2009 et 2011 avec plus de 7 millions de spectateurs ! (soit plus que la totalité de leur pays natal avec 5 millions d’habitants). Mais Oasis reste sans doute le dernier groupe à avoir connu un engouement planétaire aussi fulgurant, avant de connaître un déclin, lent mais bien certain après la sortie de Be Here Now, l’album de la démesure qui mènera le groupe vers son implosion en 2009 malgré quelques tentatives de renaissance entre temps.

Oasis à Knebworth en 1996 : démesure britpop devant 250 000 personnes

Le chiffre donne le tournis et ce sont les concerts où la demande a été la plus forte dans toute l’histoire des concerts du Royaume-Uni. 2,4 millions de personnes ont cherché à obtenir des billets, ce qui constitue un record. Ce n’est pourtant pas un record d’affluence en tant que tel. Le Festival de l’île de Wight les 28, 29 et 30 août 1970 a rassemblé quelque 600 000 personnes venues fumer des joints en écoutant sur scène Jimi Hendrix, The Who ou The Doors. Ce grand rendez-vous hippie reste indétrônable, même si les mesures de sécurité des années 90 étaient sans doute différentes, permettant d’accueillir moins de personnes. Toutefois, Robbie Williams a détrôné Oasis en 2003 en se produisant également à Knebworth pendant 3 soirs devant 375 000 personnes. Led Zeppelin avaient réunis quelques 150 000 personnes sur ces mêmes lieux en 79. Et pour finir sur les records, notons tout de même que pour la reformation des Stone Roses en 2012, les 3 concerts de Heaton Park à Manchester ont écoulé 220 000 billets en… 68 minutes ! (Et je peux le dire : j’y étais !!!). Le décor est donc planté sur le gigantisme de cet événement pour Oasis. Les 72 000 spectateurs du Live Aid 85 avec Queen font pâle figure à côté.

Knebworth 1996 : l’apogée pour Oasis, sauveur du label Creation

Cette apogée de 1995/1996 n’est pas arrivée par hasard et Oasis est certainement tombé au bon moment, entre la mort du grunge et le zénith des boys band. Mais c’est surtout un groupe dont le potentiel a été débusqué par la bonne personne, en l’occurrence Alan McGee, le boss du label Creation qui a vu Oasis comme sa bonne étoile. Au passage, McGee avait aussi besoin d’un groupe qui allait rapporter de l’argent suite aux sommes colossales et inattendues (250 000 livres !) que Creation a dû débourser pour sortir le mythique Loveless de My Bloody Valentine en 1991 et lancer le mouvement shoegaze. Pour comprendre comment Oasis en est arrivé là, le documentaire Supersonic est particulièrement bien fourni. Et une fois visionné, on peut donc se concentrer sur cet épisode de 1996 qu’est Knebworth. 

Que vaut donc ce documentaire inédit qui sort 25 ans après l’événement ? Posons tout de même quelques bases qui s’imposent comme une évidence : ce film est totalement subjectif, présente Oasis comme le plus grand groupe de tous les temps et les principaux protagonistes sont les frères Gallagher dont l’ego dépasse même la somme de toute la cocaïne qu’ils ont sniffée, ainsi que les fans. Et par définition, un fan est fondamentalement subjectif. Toutefois, à l’heure du numérique disponible pour tous, retrouver des archives jusque-là jamais exploitées sur un groupe ultra médiatisé reste quand même une belle performance. Et tant qu’à faire, mettre Jake Scott, qui n’est autre que le fils de Ridley Scott, à la réalisation témoigne de la volonté de faire les choses bien.

A vrai dire, ce film ne nous apprend pas grand chose, mais ce n’est pas tellement pour ça qu’on y va. On parle un peu des autres groupes comme Prodigy, on évoque rapidement les Charlatans qui ont perdu leur claviériste dans un accident 2 mois plus tôt. Mais l’essentiel est axé sur l’état d’esprit de cette période. Il nous remet juste notre nostalgie des années 90 en pleine face, avec le plaisir de voir et entendre Oasis sur grand écran ou encore de constater ce que Noel Gallagher valorise dans toutes ses interviews du moment : pas de smartphone ni d’iPad ! Eh oui… On prend plaisir à chanter ces tubes imparables dans cette setlist incroyable qui dévoilera d’ailleurs deux nouveaux titres qui figureront sur l’album suivant : My Big Mouth et It’s Getting Better (Man!!). Et Noel s’en étonne aussi en voix off : comment ont-ils pu oublier Rock’n’roll Star, en intro ou en fin de concert ?! Jake Scott rattrape l’oubli en l’incluant comme dernier morceau.

Une réalisation magique

Je dois dire que la réalisation de ce film est absolument magique ! L’ambiance du moment est totalement recréée, on se prend au jeu à stresser avec les fans au téléphone pour décrocher la hotline qui vendra le précieux sésame, à retrouver les plaisir des années 90 à enregistrer sur une cassette audio (en la retournant le plus vite possible au bout de la face A pour en perdre le minimum sur le changement de face). Le film allie des images d’archives, de longs extraits de concert ainsi que des reconstitutions avec les voix off des fans ou du groupe (essentiellement Noel). Et le montage est remarquablement réalisé.

Le passage de la fan qui témoigne de ce moment avec son frère, diagnostiqué d’un cancer quelques mois plus tard, le tout sur les images (et son) de The Masterplan est absolument poignant. Ou la métaphore du fan qui raconte « la pluie de ce dimanche semblait marquer la fin de ma jeunesse. J’allais devenir papa et bientôt changer de vie« . Tout ce qui constitue aussi l’après-concert révèle bien le bordel ambiant de ce gigantesque événement, le tout dans une bonne humeur sans égale. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est peut-être la sincérité globale, l’authenticité qui se dégage de ce film. Même Noel paraît humble par moments, c’est dire ! J’ai bien dit « paraît ». Car quand un fan dit : « Avec John Squire sur Champagne Supernova, on aurait dit que les Stone Roses passaient le flambeau à Oasis ». Noel ne se retient pas pour répondre : « ils ne nous ont pas passé le flambeau. On leur a pris en 1994 ! » La messe est dite. Live Forever.

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