L’émission de Bernard Lenoir quitte définitivement les ondes de France Inter après 19 ans d’activité à défendre le rock indépendant à coup de « tatapoum ». La fin d’une époque, le rock indé en mode gueule de bois…
Je rédige cet article en écoutant Echo & The Bunnymen pour savourer l’annonce de ce jour et leur concert à Paris le 19 janvier 2012. Joie. Et pourtant, Ian McCulloch chantait il y a quelques années : Nothing Lasts Forever.
Cette fois le glas a définitivement sonné pour la bande Lenoir/Soulier avec l’annonce officielle : Entre musique pas comme les autres et vie au grand air, j’ai enfin choisi. Merci pour ces longues années de complicité et de soutien indéfectible. Cela ne sera pas facile de vivre sans ce rendez-vous quotidien. Vous me manquerez. Caresse et bise à l’œil.
C’est toute une génération qui se voit verser la larme du soir aujourd’hui. C’est Lenoir était bien la dernière émission grand public à défendre les couleurs du rock indé. Si Lenoir a très nettement forgé mon goût pour le rock au fil de toutes ces années, c’est bien parce que c’était la seule émission que je pouvais écouter le soir dans mon petit village de province du temps où internet n’existait pas. Je me souviens noter encore chaque soir la playlist sur un petit cahier, à l’époque où je n’avais même pas encore appris l’anglais. Mon frère aîné me corrigeait régulièrement les fautes d’orthographe des noms écorchés. (En même temps, allez demander à un gosse de 10 ans d’écrire correctement Gorky’s Zygotic Mynci !)
Black Sessions, Route du Rock et Repérages Fnac
Puis vint le temps des Black Sessions… 1er mars 1994 : The Posies, Session réservée à la province. Mon Premier concert à 13 ans accepté après de bonnes notes à l’école. Et puis la suite… la rediffusion de la route du Rock, que je pouvais écouter au fin fond du Lot sur la terrasse où mon Grand-Père me disait « ça ne capte pas bien, ça grésille« , et moi de rétorquer « non, non, c’est normal » ! (Ca devait être Shed Seven).
30 octobre 1995 : Black Session de Pulp pour la sortie de Different Class. Ambiance plumes roses de boa et paillette. Une session que je dois encore avoir en cassette !
Et aussi les groupes inconnus aujourd’hui : les Longpigs ou encore les irlandais aux cheveux orange, Compulsion !
Et toute la vague britpop à coups de The Auteurs, Boo Radleys à l’époque où Hilda était mariée à Martin Carr, le coup de coeur Geneva avec Andrew Montgomerry mort de trouille, l’émergence de Supergrass, l’explosion de Suede, et le refus catégorique de Lenoir de passer du Oasis.
Et aussi les repérages Fnac aux questions tarabiscotées à l’époque où on ne pouvait pas chercher sur le net avec réponse sur carte postale !
J’ai donc foulé pour la dernière fois le sol des Black Sessions le 13 décembre 2010 pour Crocodiles, après avoir participé aux Pains of Being Pure At Heart un mois avant.
Oui, la nostalgie me prend… comme toute cette génération dans laquelle vous vous reconnaissez sans doute. Nous ne serons plus frustrés d’entendre les 4 bips des infos de 23h en pleine fin de Black Session à travers le poste. Non, nous serons tout simplement frustrés de ne plus avoir notre puits de rock’n’roll le soir.
Une page se tourne…