Un peu plus d’un mois après son petit frère, c’est au tour de Noel Gallagher d’investir pour deux soirées la mythique salle parisienne de l’Olympia afin de promouvoir son déconcertant dernier album solo (enfin avec ses High Flying Birds), « Who Built The Moon ? ».
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Blossoms, le bal de Manchester
C’est Blossoms qui ouvre pour le « Chief » ce soir. Blossoms quintette de Stockport (ville de la grande agglomération de Manchester) nous proposent une pop psychédélique à mi-chemin entre Tame Impala/Temples pour le coté Psyché et The Coral/Last Shadow Puppets pour le coté pop. C’est efficace et bien agréable. Il y a du tube potentiel mais on se doute que leur succès par ici est loin d’être assuré. Le public leur réserve d’ailleurs un accueil assez froid. A surveiller tout de même…
La sympathique prestation de Blossoms passée, c’est au son de titres soul et motown que le public parisien patiente. Bizarrement, même si l’on vient voir ce soir le concert d’un ex-Oasis, l’ambiance et le public sont relativement différents. Ce soir, la fosse majoritairement composée de quarantenaire est calme. Trop… Ce fond sonore d’attente n’est pas vraiment fait pour chauffer le public. C’était le cas pour Liam ou l’on avait droit à tous les groupes ayant influencé les Gallagher pour le plus grand plaisir des spectateurs de ce soir-là : The Jam, Stone Roses, Rolling Stones, Bowie etc…
Dix musiciens pour un début peu convainquant
Les lumières sont encore allumées lorsque les premières notes de « Fort Knox » et son inquiétant sifflement commencent à se faire entendre. Puis à 21h, les lumières s’éteignent laissant les High Flying Birds entrer sur scène, Noel apparaissant en dernier. Comme sur l’album, c’est donc ce titre, presque instrumental, qui ouvre le concert. The Chief partage sur ce titre les backing vocals avec la choriste française Audrey Gbaguidi. Soyons franc quitte à déjà déplaire, il s’agit là de la plus mauvaise entrée en matière d’un concert de Noel. Malgré tout, on se rattrape avec une très jolie scène : écran demi-circulaire diffusant des images reprenant l’artwork de son dernier album mêlé à de beaux effets de lumière. Des High Flying Birds d’origine, il ne reste que Russ Pritchard à la basse. On y retrouve trois rescapées d’Oasis « nouvelle génération » : le fidèle Gem Archer à la guitare, Chris Sharrock à la batterie et Mikey Rowe aux claviers (déjà présent sur la tournée Be Here Now). Mais ce n’est pas tout : une section de trois cuivres et deux claviéristes/multi-instrumentalistes/choristes viennent se greffer à la formation. Pas moins de dix musiciens pour accompagne Noel Gallagher ce soir. Sacré Backing Band !
Ce début de concert est largement consacré au nouvel album. Ainsi s’en suivent les titres Holy Mountain , Keep On Reaching et It’s A Beautiful World . Que dire? Pas de réelle surprise : les chansons du dernier album ne prennent hélas pas une autre dimension sur scène et même s’il n’y a rien de vraiment désagréable (la prestation étant carré et de qualité), la mayonnaise de prend pas et l’ambiance peine à décoller. Force est de constater que ce tournant variété-psychédélique a du mal à plaire au plus grand nombre. Le Chief délaisse alors pour notre plus grand bonheur les titres de Who Built The Moon ? pour piocher dans ses deux premiers albums libérateurs. Suivront ainsi In The Heat Of The Moment (beaucoup plus convaincante en live que l’horrible version studio), le très beau Riverman , Ballad Of The Mighty I , If I Had A Gun et Dream On . L’ambiance commence alors à monter. Noel Gallagher et ses High Flying Birds nous offre une très bonne prestation. Noel sait s’entourer de bons musiciens ce qui fait un peu défaut à Liam. Malgré tout, sur certaine notes aiguës ( If I Had A Gun ) est à la peine. Qu’importe, on lui pardonne tout…
Noel Gallagher met l’Olympia en mode en Oasis
The Chief enfonce le clou en faisant un petit détour par la période Oasis. Ne nous le cachons pas, beaucoup sont là pour ça ce soir… Ainsi, pour le plus grand bonheur des fans hardcore, Noel nous propose un magnifique Little By Little, et The Importance Of Being Idle. Enfin, le public chante à l’unisson.
Moment sublime lors du titre suivant, Dead In The Water, proposé en tant qu’inédit sur les premiers pressages du dernier album. Un moment incroyable de beauté. Noel seul à la guitare juste accompagné du discret Mikey Rowe distillant quelques notes de piano. Mémorable.
Puis, hélas, comme toutes bonnes choses ont une fin, retour sur des titres de Who Built The Moon avec Be Careful What You Wish For et She Taught Me How To Fly sur lequel Charlotte Marionneau joue… du ciseau. Le pire, c’est que ça s’entend dans tout ce déluge de décibels. Quel est l’intérêt ? Un jour nous le saurons… ou pas.
Dès les dernière notes, le public se met spontanément à chanter un couplet de Live Forever. Stoïque, Noel note avec humour ironique qu’il s’agit là de la meilleur reprise qu’il ait pu entendre. Il reste trois titres avant le rappel, l’occasion d’une autre incursion chez Oasis avec Half The World Away qui ravit les puristes et l’inévitable (malheureusement) Wonderwall. Faut-il encore que Noel (ou Liam d’ailleurs) fasse l’effort de la chanter ? Non, le public s’en charge très bien. Le grand Aka… What A Life viendra conclure provisoirement le set.
Un rappel diversifié
Après quelques minutes de répit, Noel et ses dix musiciens reviennent pour un seul et unique rappel de quatre titres. On commence avec The Right Stuff. Vraiment très beau. Il y a du Pink Floyd dans ce titre. Ce saxophone à la Us And Them, Gem qui enchaîne les bends à la David Gilmour. Noel ne chante que très peu sur ce titre et c’est la voix d’Audrey Gbaguidi qui sublime le tout à merveille. Grosse surprise sur le prochain morceau puisqu’il s’agit de l’inattendu Go Let It Out de la période Oasis, que l’on avait entendue en version studio. Très curieux d’entendre Noel chanter sur ce titre. Bonne surprise mais la voix de Noel n’est pas trop adaptée à ce genre de titres rock agressifs.
On poursuit tout doucement le rappel avec là encore, l’inévitable Don’t Look Back In Anger tout en douceur, (écrit et composé il y a 25 ans à Paris) repris en cœur par le public de l’Olympia. Noel, arrête de chanter, on s’en occupe… Ultime chanson avant que les High Flying Birds ne quittent définitivement la scène avec une reprise étonnante de All You Need Is Love. Bon, que dire ? Pas indispensable et franchement anecdotique. Dommage.
Sympathique, mais…
On quitte l’Olympia après 1h50 de concert certes très correcte et agréable mais en demi-teinte. Le déconcertant dernier album de Noel Gallagher n’y est sans doute pas pour rien. On regrettera que les deux morceaux les plus intéressants de cet album Black And White Sunshine et The Man Who Built The Moon n’aient pas été interprétés. Il est clair que le Chief a pour volonté de changer profondément la direction de sa carrière artistique quitte à perdre en crédibilité et à s’égarer. De plus, la carrière d’Oasis étant assez vaste, il semble regrettable que les mêmes morceaux soient joués de tournée en tournée et ce, depuis les années. Un peu fainéant le Noel ? A titre personnel, je pense que le moment le plus fort de ce concert fut cette séquence acoustique où Noel a interprété Dead In The Water. Ce génie absolu n’est jamais aussi bon que seul à la guitare. On pourrait d’ailleurs espérer un jour une tournée acoustique comme peut le faire Neil Young. Soyons honnête, ce concert ne fut pas mémorable et moins marquant que celui de Liam en mars dernier. Une chose est sûre, que l’on soit plutôt Liam ou plutôt Noel, ces deux-là ne sont jamais aussi bon que quand ils sont réunis. Alors, attendons et espérons qu’un jour…
François Delporte
SETLIST
Fort Knox
Holy Mountain
Keep On Reaching
It’s A Beautiful World
In The Heat Of The Moment
Riverman
Balad Of The Mighty I
If I Had A Gun…
Dream On
Little By Little
The Importante Of Being Idle
Dead In The Water
Be Careful What You Wish For
She Taught Me How To Fly
Half The World Away
Wonderwall
AKA… What A Life!
RAPPEL
The Right Stuff
Go Let It Out
Don’t Look Back In Anger
All You Need Is Love
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