(English version below)
My Raining Stars est un nom connu dans la petite sphère indie pop française. Derrière ce projet, on retrouve le français Thierry Haliniak, qui a décidé de sortir un deuxième album, 13 ans après le deuxième. C’était l’occasion d’en discuter avec lui cet été.
Contenus de la page
La reconnaissance des Inrocks en 2009
De pluie, il n’a pas été beaucoup question cet été. Même en Angleterre, cette Perfide Albion qui, sous son climat humide, est capable d’enfanter les meilleurs étoiles de l’indie pop. My Raining Stars en est l’un de ses héritiers directs et semble déverser sa pluie d’étoiles indie pop avec une facilité déconcertante. Quand sort sont premier album en 2009 From St Saviour to Quickwell, les avis sont unanimes et cette pépite indie pop lui vaut même un papier dans les Inrocks par JD Beauvallet, passeur de référence s’il en est : « Dans Les Inrocks, époque mensuel, cette chronique aurait bataillé dans nos colonnes avec The Field Mice ou Pale Saints«
Thierry se forge alors assez naturellement une petite communauté de fans, comme ceux qui fréquentent le Pop In à Paris (plus tard ceux du Motel), les auditeurs de Bernard Lenoir sur France Inter, les amateurs de la cassette C86 parmi lesquels un noyau d’anglo-saxons chez qui cette musique résonne particulièrement. Depuis lors, aucune nouveauté pour My Raining Stars. Enfin, pas tout à fait.
Ce qui a tout changé
« Fin 2010, début 2011, j’ai traversé une période personnelle très difficile quelque temps après l’album : j’ai perdu mon père et ma petite sœur à 4 semaines d’intervalle. Cela a été un chaos émotionnel indescriptible. Dans un premier temps je me suis réinvesti dans le tennis, ma seconde passion, (il est aujourd’hui classé 15) qui présente l’avantage qu’on est obligé d’être dans l’instant présent, contrairement à d’autres sports comme le vélo ou à la course à pieds où on a tout le temps de gamberger . Mais très rapidement, j’ai ressenti le besoin de recomposer, pour évacuer, exorciser ma douleur, mes questionnements. »
De Lyon où il a fini ses études et est tombé dans le chaudron indie pop (lui valant notamment de jouer avec son groupe Nothing To Be Done en première partie d’Adorable ou les Boo Radleys !), Thierry revient sur ses terres dans un village de l’Yonne, à quelques dizaines de kilomètres d’Auxerre. “Je n’ai jamais autant composé que durant cette période, j’y consacrais tout mon temps libre, toute mon énergie, au fil des mois sont ainsi nées les chansons qui allaient former le tracklisting de 89 Memories. Sans en prendre réellement conscience, j’étais en train de bâtir mon propre exutoire. C’était ma façon de me relever. » assure-t-il.
La collaboration avec Casper Blond du groupe Ethics
Et puis le Covid est passé par là, ce qui donnera naissance au projet Meyverlin en collaboration avec deux de ses potes. Parallèlement,Thierry se rapproche du danois Casper Blond, membre du duo indie pop Ethics.
« On a commencé à discuter et échanger des liens sur Facebook et je suis tout de suite devenu fan de ses morceaux. Soit ceux de son groupe, soit ses reprises qui sont toutes excellentes. Et reprendre My Bloody Valentine ou Ride en acoustique, ce n’est pas donné à tout le monde !
Je lui avais envoyé les morceaux de Meyverlin à la sortie. Il avait bien aimé mais m’avait dit que c’était dommage d’avoir utilisé une boîte à rythmes, ce que je partage tout à fait.«
Chemin faisant, Casper et Thierry se mettent d’accord pour que le danois assure la production du prochain album de My Raining Stars. Il y fera aussi la basse et la batterie « J’avais donc toutes ces chansons depuis des années, j’ai gardé les meilleures et je me suis dit qu’il était temps de les finaliser et les sortir sur un album. En fait, j’avais besoin que ça sorte car j’y exprime des choses personnelles. Mon traumatisme a été le point de départ de ces chansons. Il fallait que j’aille au bout de la thérapie en sortant toutes ces chansons et la période était propice. J’ai quitté la boîte où j’étais depuis 30 ans, trouvé un meilleur équilibre entre tennis, musique et contraintes personnelles, et Casper était disponible. C’était le bon moment. »
Signature chez Shelflife Records
En plus de la collaboration avec Casper, My Raining Stars se structure autour d’un label. Ce n’est pas dans un but mercantile que Thierry décide de le sortir via le label américain Shelflife. A vrai dire, ça tient plutôt d’un hasard : « J’ai fait écouter Behind Her Lovely Smile à un pote qui me dit « Ca plairait grave au boss de Shelflife« . Je n’osais pas y croire, car pour moi, c’est un label indé incontournable. Et pourtant ils ont aimé et ont fini par me signer !«
Le fait de signer sur ce label (où l’on retrouve des groupes comme Close Lobsters, Sugar For the Pill, The Catenary Wires, les Français de Pastel Coast) va apporter un certain confort à My Raining Stars : le label décide de sortir 3 singles, lui a proposé des artworks, tant pour les singles que la pochette de l’album (basée sur une photo personnelle de Thierry) et lui permet d’avoir un écho un peu plus large. « C’est sûr que ça aide d’être diffusé sur les réseaux du label. Mais ça ne changera rien aux ventes. Je ne m’y intéresse d’ailleurs pas. Je préfère avoir plus d’écoutes et moins de ventes que l’inverse ! Et sans surprise, je vois dans les statistiques que ceux qui m’écoutent ont entre 40 et 60 ans. Ceux qui ont connu la britpop des années 90…«
D’ailleurs, Thierry est persuadé que Casper n’est pas né à la bonne époque ! « Il n’a pas connu ces groupes en direct, mais il a capté toute leur essence, tant dans la composition que la production. Ca a été un réel plaisir de travailler avec lui car malgré nos relations à distance, il y a eu très peu d’aller-retours. Il a tout de suite compris le son que je voulais. »
Voilà donc un joli projet qui en restera à l’état d’album studio. « Le live, ce n’est vraiment pas mon truc » assure Thierry sans gêne. On en restera donc là, avec deux excellents albums de My Raining Stars. On ne peut que se délecter de ces pop songs aux refrains entêtants alors que le prochain Meyverlin est déjà dans les tuyaux. « On va essayer des sonorités un peu différentes » confesse-t-il. « C’est un projet complémentaire car ce ne sont pas des choses que je ferais seul aux commandes de My Raining Stars. » Tant mieux, connaissant le niveau de qualité du bonhomme, on ne peut que s’en réjouir.
English version
Interview: My Raining Stars – 13 years of crafting perfect pop songs
My Raining Stars is a familiar name in the small French indie pop sphere. Behind this project is the French Thierry Haliniak, who decided to release a second album, 13 years after the second one. It was an opportunity to talk to him this summer.
There was not much talk of rain this summer. Even England, under its humid climate, is capable of giving birth to the best indie pop stars. My Raining Stars is one of its direct heirs and seems to pour out its rain of indie pop stars with disconcerting ease. When From St Saviour to Quickwell was released in 2009, opinions were unanimous and this indie pop nugget even earned it a review in Les Inrocks by JD Beauvallet, a reference journalist in France in the indie pop industry: « In Les Inrocks, in its monthly era, this review would have battled in our columns with The Field Mice or Pale Saints. »
Thierry then naturally built up a small community of fans, such as those who frequented the indie pop pub « Le Pop In » in Paris (later those from « Le Motel »), Bernard Lenoir’s listeners on France Inter (a kind of french John Peel radio broadcaster), and fans of the C86 cassette, including a core of Anglo-Saxons for whom this music is particularly resonant. Since then, there has been nothing new for My Raining Stars. Well, not quite.
« At the end of 2010, beginning of 2011, I went through a very difficult personal period some time after the album: I lost my father and my little sister four weeks apart. It was an indescribable emotional chaos. At first I reinvested myself in tennis, my second passion, which has the advantage that you have to be in the moment, unlike other sports like cycling or running where you have all the time in the world to think. But very quickly, I felt the need to recompose, to evacuate, to exorcise my pain, my questioning.«
From Lyon, where he finished his studies and fell into the indie pop sphere (bringing him the opportunity to play with his band Nothing To Be Done in support of Adorable or the Boo Radleys!), Thierry returns to his homeland in a village in the Yonne, a few dozen miles from Auxerre. « I never composed as much as during this period, I devoted all my free time, all my energy, and over the months were born the songs that would form the tracklisting of 89 memories. Without really being aware of it, I was building my own outlet. It was my way of getting back on my feet, » he says.
And then Covid came along, which gave birth to the Meyverlin project in collaboration with two of his friends. At the same time, Thierry got closer to the Danish Casper Blond, member of the indie pop duo Ethics. « We started chatting and exchanging links on Facebook and I immediately became a fan of his songs. Either those of his band or his covers, which are all excellent. And covering My Bloody Valentine or Ride acoustically is not for everyone! I sent him the Meyverlin tracks on the way out. He liked it but said it was a shame to use a drum machine, which I totally agree with. »
On the way, Casper and Thierry agreed that the Danish would produce the next My Raining Stars album. « So I had all these songs for years, I kept the best ones and I thought it was time to finalise them and release them on an album. I actually needed it to come out because I was expressing personal things. My trauma was the starting point for these songs. I had to go through the therapy of releasing all these songs and the time was right. I left the company I’d been in for 30 years, found a better balance between tennis, music and personal commitments, and Casper was available. It was the right time.«
In addition to the collaboration with Casper, My Raining Stars is structured around a label. Thierry did not decide to release it on the American label Shelflife for commercial reasons. To tell the truth, it’s more of a coincidence: « I played Behind Her Lovely Smile to a friend who said to me, ‘The boss of Shelflife would really like that’. I didn’t dare to believe it, because for me, it’s a must-have indie label. And yet they liked it and ended up signing me!«
The fact of signing on this label (where we find bands like Close Lobsters, Sugar For the Pill, The Catenary Wires, the French Pastel Coast) will bring a certain comfort to My Raining Stars. The label decides to release 3 singles, offered him artworks, as well for the singles as for the cover of the album (based on a personal photo of Thierry) and allows him to have a wider echo. « It sure helps to be on the label’s network. But it won’t change anything in terms of sales. I’m not interested in that. I’d rather have more listens and less sales than the other way around! And not surprisingly, I see in the statistics that those who listen to me are between 30 and 60 years old. Those who knew the Britpop of the 90s…«
Thierry is convinced that Casper was not born at the right time! « He didn’t know these bands live, but he captured their essence, both in composition and production. It was a real pleasure to work with him because despite our long distance relationship, there was very little back and forth. He immediately understood the sound I wanted. »
So this is a nice project that will remain as a studio album. « Live playing is not really my thing« , Thierry assures us without embarrassment. So we’ll leave it at that, with two excellent albums by My Raining Stars. We can only enjoy these pop songs with their catchy choruses while the next Meyverlin is already in the pipeline. « We’re going to try out some slightly different sounds, » he confesses. « It’s a complementary project because it’s not something I would do on my own with My Raining Stars« . Knowing the level of quality of the man, we can only be delighted.